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Troisième Mi-Temps

Etudiant en STAPS, triathlète, fou de sports et chasseur d'émotions...

Le 103e Crunch pour ouvrir le Tournoi des VI Nations

Publié le 4 Février 2017 par Martin Cauwel

France Angleterre

Le défi était immense. L’équipe d’Angleterre, le XV de la Rose, veille sur Twickenham comme sur les joyaux de la couronne. Invaincus depuis 14 matchs, soit depuis la dernière coupe du monde, les sujets de Sa Majesté avaient déjà floqué des maillots à la gloire de leur Grand Chelem dans le Tournoi… 2017.

Mais un Crunch est toujours un match à part. Comme quand la France rencontre le Brésil en foot, la Croatie en hand ou l’Espagne en basket, ces affiches transpirent d’un état d’esprit sans équivalent, le cœur du rugby bat dans le stade où s’affrontent bleus et blancs.

 

LE FILM DU MATCH

Première mi-temps plutôt française, imprécisions et indisciplines.

En début de match, le XV de France met la main sur le ballon et est plus entreprenant. Emmenés par Scott Spedding, Virimi Vakatawa, et Noa Nakaitaci, les trois-quarts bleus donnent des sueurs froides au public britannique lors de raids offensifs menés à grandes enjambées, et souvent stoppés en catastrophe, proche de la ligne d’en-but.

Si les deux équipes sont très pénalisées, la palme de l’indiscipline revient à Jonny May, ailier anglais, à qui un plaquage retourné plus que viril sur Gaël Fickou vaut 10 minutes sur le banc.

Chez les avants, Picamoles prend les clés du camion. Celui qu’on appelle outre-manche « King Louis » depuis qu’il évolue à Northampton est à l’ouvrage dans tous les compartiments du jeu. Balle en main, il progresse, déchire les lignes et met son équipe dans l’avancée. En défense, il refuse de céder du terrain et monte vite pour couper les extérieurs.

Malgré plusieurs occasions franches d’essai de part et d’autre, dont 3 côté français, la première période se résume donc à un duel de butteurs : Camille Lopez face à Owen Farrell, et à Elliott Daly qui ajoute 3 points longue distance à l’addition anglaise.

9-9 à la pause, les anglais pensaient que leur 15e succès consécutif aurait peut-être été plus simple à décrocher...

 

Deuxième mi-temps : plus d’intensité côté anglais et coaching payant

Au retour des vestiaires, les sujets de Sa Majesté mettent du rythme et renversent le cours du jeu. On a pourtant cru que c’était le jour de l’Equipe de France, en voyant l’impeccable buteur Owen Farrell échouer sur le poteau. Même si les Bleus continuent à gagner beaucoup de terrain ballon en main, la puissance collective du XV de la Rose s’impose progressivement. Elle atteint un premier climax quand, sur un coup de pied par-dessus du centre Jonathan Joseph, le demi de mêlée français Baptiste Serein doit aplatir dans son en-but (43e). Juste après (46e), Ford ouvre un intervalle dans la défense bleue en lançant à contretemps Farrell, qui s’y engouffre. Il sert Elliott Daly en bout de ligne, dont l’essai sera refusé à la vidéo pour avoir mis le pied hors du terrain.

Le défi physique n’est malgré tout pas encore perdu par les français, qui refoulent le pack adverse sur l’autre rive de la Tamise à la 48e minute. C’est toujours au pied que Farrell donne l’avantage aux anglais, pour la première fois de ce 103e Crunch : 12-9.

L’espoir bleu de faire tomber les quasi-intouchables anglais grandit encore un peu quand, lancé par un étincelant Picamoles, Raba Slimani conclue une belle construction collective avec le premier essai du match (59e). La transformation de Camille Lopez porte le score à 12-16.

Mais voilà, quand on se frotte à une équipe un petit cran au-dessus, c’est souvent le banc qui fait la différence. Encore une illustration à Twickenham, avec des rotations orchestrées par le coach brillant d’Eddy Jones qui ont raison du XV de France. L’entrée du demi de mêlée Danny Care apporte un second souffle et de la créativité à l’animation offensive anglaise. Par sa rapidité de prise de décision et d’exécution, il crée le déséquilibre qui permet à Ben Te’o, lui aussi tout juste entré en jeu, de rentrer dans l’en-but français resté jusqu’alors inviolé. L’essai est transformé : 19-16.

Les français mettent du cœur à l’ouvrage et ne manquent pas de courage mais le score n’évolue plus. Amers, les bleus quittent la pelouse avec des regrets mais en ayant produit un rugby capable de déstabiliser les plus grandes équipes.

 

NOUVELLE DEFAITE FRUSTRANTE OU PERFORMANCE STRUCTURANTE ?

La même analyse est alors dans toutes les bouches, y compris celle de Camille Lopez : « On échoue pas loin, mais on échoue encore ». L’impression correspond à celle laissée par la dernière tournée d’automne. Après une anecdotique victoire 52-8 face aux Samoa, les Bleus concèdent 2 petits points aux Australiens (23-25) puis 5 aux All-Blacks néo-zélandais (19-24), respectivement vice-champions et champions du monde en titre.

Le XV de France est donc régulier… un cran au-dessous des tous meilleurs. Si cela peut représenter un motif de satisfaction, il n’en reste pas moins très frustrant de voir s’échapper de grandes et belles victoires sur des détails.

 

Parmi les points positifs de ce match et les raisons qu’on a d’espérer voir ce groupe grandir et progresser, on peut citer la troisième-ligne Damien Chouly – Louis Picamoles – Kévin Gourdon qui sont fidèles aux attentes, ou aux espérances pour le 3e. La présence d’un Goujon sur le banc donne un bon joker médical et d’intéressantes possibilités de coaching à Guy Novès.

Guilhem Guirado est un capitaine toujours aussi exemplaire, dans la justesse de jeu tout comme dans l’engagement : une valeur sûre défensivement qui étoffe de plus en plus ses qualités offensives.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : les mètres gagnées ballons en main par les ailiers Vakatawa et Nakaitaci, ainsi que par l’arrière Spedding, pèsent lourd dans la balance de la performance du XV de France. Leurs courses tranchantes et leur capacité à quitter leur zone de départ pour se projeter dans les intervalles sont des qualités indispensables à l’équipe.

Le rookie assure : pour son premier match dans le Tournoi, première titularisation et premier Twickenham bondé, Baptiste Serein a cornaqué avec maestria les 934kg du pack tricolore. Très bon à la baguette, il n’a cependant pas encore fait étalage de toute sa palette, au pied ou ballon en main.

A suivre, dès dimanche prochain à 16 heures, face aux italiens.

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